MADAME DE STAËL: la révolutionnaire romantique


Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, connue sous le nom de Madame de Staël, est une romancière et philosophe genevoise et française née en 1766. Issue d'une famille de protestants riches, fille du ministre des finances de Louis XVI Necker et de Suzanne Curchod, elle est élevée dans un milieu de gens de lettres, qui fréquentent assidûment le salon de sa mère. En participant au salon littéraire organisé par sa mère, Mme de Staël se passionne pour la lecture des classiques et, après avoir étudié les œuvres des philosophes, elle s’intéresse à l’œuvre de Rousseau, auquel dédie "Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau" (1788), son premier essai, à qui suivent "De l'influence des passions sur le bonheur de l'individu et des nations" (1796) et "De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales" (1800), inspirées par l’idéologie du progrès et du bien social. Dans cette dernière, Mme de Staël applique la théorie de la relativité des institutions aux arts, en opérant la distinction entre les littératures du nord et du sud sur la base du climat, de la société et de l'expression littéraire et artistique. Ces déclarations, qui sont en contradiction avec la théorie classique de la beauté entendue comme valeur universelle, annoncent l’exaltation de la civilisation allemande et préparent l’élaboration de la poésie romantique.
Effectivement en 1810 Mme de Staël publie le traité "De l'Allemagne", considéré "l'affiche de la poétique romantique", que proclame le rejet des canons du classicisme en affirmant la spontanéité du fait poétique, mais Napoléon Bonaparte ordonne sa destruction. Grâce à la publication de "De l'Allemagne", elle a la possibilité de voyager notamment en Allemagne, où connaître Goethe et Schlegel, mais aussi en Italie, où elle entre en contact avec Verri et Monti, qui l'a qualifiée "la femme du siècle" pour ses batailles politiques et culturelles. C'est pour ça que Mme de Staël devient l'une des ennemies de Napoléon Bonaparte, ensemble à la Russie, la Prusse et l'Angleterre,  qui la considère comme un obstacle à sa politique. À partir de ce moment, commence une lutte ouverte entre elle et Napoléon, qui va se répercuter sur sa pensée et ses ouvrages. Il n’aime pas les femmes influentes et craint une personne très éloquente tenant un salon fréquenté par des gens brillants. Il veut seulement son silence mais Mme de Staël offre un exemple sur l’écrivain qui cherche le progrès de l’humanité sans pouvoir l’exprimer à cause du régime restrictif instauré par Napoléon. Cet affirmation va coûter à l'écrivain l'exil de Paris à partir de 1800. Par conséquent, elle se retire dans le château de Coppet, près de Genève, où elle entretient un nouveau centre politique et littéraire contre les principes de Napoléon et publie "Delphine", roman qui expose les questions politiques et sociales de son temps, la supériorité du protestantisme sur le catholicisme et la régression à tous points de vue de la condition féminine.
Mme de Staël mène une vie sentimentale agitée: elle rejette nombreux prétendants: Axel de Fersen, Louis de Narbonne, William Pitt et se marie finalement avec le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède, mais se sépare de lui peu d'années après. Le soir de son mariage elle décide de changer son prénom, devenant Germaine de Staël. Les deux ont 4 enfants: Gustavine, Auguste, Albert et Albertine. En suite elle se remarie avec Albert de Rocca et Louis-Alphonse nait mais enfin Mme de Staël entreprend une tourmentée liaison avec Benjamin Constant.
Elle meurt en 1817, peu de temps après une attaque de paralysie qui la terrasse au cours d'un bal chez le duc Decazes.
En définitive, Madame de Staël n'est pas simplement un écrivain: son travail intellectuel a changé la culture de l'Europe en diffusant les idées d'un nouveau mouvement culturel, c'est-à-dire le romantisme, et d'une nouvelle vision de la société, plus libre, plus ouverte à la connaissance et aux expériences et plus émancipée, qui a donné lieu au féminisme.


CORINNE OU L'ITALIE

Image illustrative de l’article Corinne ou l'Italie

Une des oeuvres les plus célèbres de Madame de Staël est "Corinne ou l'Italie", un roman publié en 1807 à Paris, après son voyage en Italie. "Corinne ou l'Italie" est considérée le premier roman de la littérature féminine du XIXe siècle et représente pas seulement une œuvre littéraire, mais aussi une action politique courageuse que revendique l'autonomie sociale, culturelle et sexuelle des femmes.
Dans ce roman, Mme de Staël mène un combat réel en faveur des femmes, victimes des conventions sociales, qu'elle incarne dans ses personnages de roman. L'héroïne  de "Corinne ou l'Italie" est l'image idéalisée de sa créatrice: il s'agit d'une femme combative qui souffre par amour et lutte contre les préjugés et les contraintes sociales.
L'oeuvre se partage en 20 livres eux-mêmes divisés en chapitres et raconte l'histoire d'une jeune et brillante poétesse, Corinne, fille d'un Anglais et d'une Italienne. Elle est sensible, originale et affirme son indépendance intellectuelle. La jeune femme a du talent et du succès. Corinne tombe amoureuse d'Oswald Nelvil, mais celui-ci ne franchit jamais le pas du mariage, prenant sans doute ombrage du succès de la jeune femme. De fait, il épouse Lucile, la demi-soeur de Corinne. Cette dernière, fidèle à son unique amour, pour lequel elle renonce à son génie, meurt de chagrin.

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